L’effet de facteurs du milieu familial et du climat de classe perçu par les élèves sur le risque de décrochage scolaire d’élèves du secondaire dans une perspective orientée vers la résilience scolaire

Notice bibliographique

Nadeau, S. (2018). L’effet de facteurs du milieu familial et du climat de classe perçu par les élèves sur le risque de décrochage scolaire d’élèves du secondaire dans une perspective orientée vers la résilience scolaire Thèse de  en Université de Sherbrooke, Canada, Sherbrooke, Canada.

Résumé

Le slogan du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) ‘‘L’école, j’y tiens!’’ met clairement de l’avant le désir d’augmenter le taux de diplomation chez les élèves du secondaire (Gouvernement du Québec, 2009). En ce sens, le gouvernement, le milieu de la recherche ainsi que le milieu scolaire investissent des ressources importantes afin que plus d’élèves obtiennent leur diplôme d’études secondaires (Sheriff, Arellano et Carrier, 2005).

Notamment, depuis plusieurs années, maintes études ont été menées et ont permis d’identifier des facteurs personnels, familiaux et scolaires augmentant le risque que l’élève abandonne ses études avant l’obtention du diplôme d’études secondaires (Archambault, Janosz, Fallu et Pagani, 2009; Blondal et Abdaljarnardottir, 2009; Cossette et al., 2004; Fortin, Marcotte, Diallo, Potvin et Royer, 2013). Par contre, il a été relevé que certains élèves, malgré qu’ils soient exposés à ces facteurs, réussissent à obtenir leur diplôme (Harvey, 2007). Face à ces constats, certains chercheurs sont passés d’une perspective orientée vers le risque et la vulnérabilité à une perspective plutôt orientée vers l’adaptation de l’individu en situation d’adversité (Luthar et Zelazo, 2003; Masten, 1989). Selon Hickman, Bartholomew, Mathwig et Heinrich (2008), il serait pertinent d’identifier les facteurs que ces élèves ont rencontrés ainsi que les expériences qui ont joué un rôle de prévention face au décrochage scolaire. De plus, bien que plusieurs études aient permis d’identifier des facteurs liés au risque de décrochage scolaire, l’interaction entre les facteurs familiaux et les facteurs scolaires a été peu étudiée.

Ce projet de thèse propose donc de décrire l’effet de facteurs du milieu familial, soit le style parental et la participation des parents au suivi scolaire, et du climat de classe perçu par les élèves sur le risque de décrochage scolaire d’élèves du secondaire dans une perspective orientée vers la résilience scolaire. Il se divise en quatre objectifs spécifiques: 1) décrire l’effet des facteurs du milieu familial (le style parental et la participation des parents au suivi scolaire) sur le risque de décrochage scolaire; 2) décrire l’effet du climat de classe perçu par les élèves sur le risque de décrochage scolaire; 3) évaluer la contribution relative des facteurs du milieu familial et du climat de classe perçu par les élèves sur le risque de décrochage scolaire; 4) comprendre, à partir de processus interactionnels du milieu familial et de la classe,l’expérience d’élèves du secondaire à risque de décrochage scolaire adaptés positivement.

Pour l’atteinte de nos objectifs de recherche, une méthode de recherche mixte de type concomitant imbriqué a été choisie puisqu’elle vise à décrire des relations dans un phénomène complexe tout en décrivant un aspect non quantifiable de ce phénomène (Creswell, 2014; Johnson et Christensen, 2012). La collecte de données vise donc à recueillir des données quantitatives, pour les trois premiers objectifs spécifiques, et qualitatives, pour le quatrième, afin d’obtenir une perspective plus approfondie du phénomène.

Pour répondre à nos trois premiers objectifs spécifiques de recherche, 84élèves du premier cycle d’une école secondaire de la Commission scolaire de la RégiondeSherbrooke ont été ciblés. Ceuxci habitent dans un quartier se situant au 10e rang décile quant à l’indice de milieu socioéconomique (Gouvernement du Québec,2013). Ils ont été invités à répondre à différents questionnaires permettant d’évaluer leur risque de décrochage scolaire et de relever leurs perceptions quant au style parental, à la participation de leurs parents au suivi scolaire ainsi qu’au climat de classe. Quant à notre quatrième objectif spécifique, des entretiens semidirigés ont été menés auprès d’un souséchantillon de 18 élèves ayant été ciblés par choix raisonné à partir de la perception d’acteurs intervenant auprès de ceuxci. Ces acteurs ont donc été invités à suggérer des élèves qui, selon leurs perceptions, représentaient des cas validant d’élèves à risque de décrochage scolaire s’étant adaptés positivement au cours de la dernière année (Johnson et Christensen, 2012). Des régressions linéaires ont été réalisées pour répondre à nos trois premiers objectifs spécifiques alors que le verbatim des entretiens a fait l’objet d’une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2010) et 5d’une construction de récits narratifs (ButlerKisber, 2010) pour répondre à notre quatrième objectif.

Pour la composante quantitative, les résultats suggèrent, pour le milieu familial, que l’encadrement et l’engagement des parents ainsi que les interactions parentsadolescent axées sur le quotidien scolaire permettent de prédire la variance du risque de décrochage scolaire. Les élèves rapportant un plus grand encadrement et engagement des parents ainsi que davantage d’interactions parentsadolescent axées sur le quotidien scolaire seraient moins à risque de décrochage scolaire que les autres élèves. Quant au milieu scolaire, le climat de classe perçu par les élèves permettrait également de prédire la variance du risque de décrochage scolaire. Les élèves percevant un climat de classe global plus positif seraient moins à risque de décrochage scolaire que les autres élèves. Lorsque la contribution relative des facteurs du milieu familial et du climat de classe est examinée, les résultats suggèrent que les interactions parentsadolescent axées sur le quotidien scolaire et le climat de classe perçu par les élèves permettent de prédire le risque de décrochage scolaire. La contribution de l’encadrement et de l’engagement des parents n’est ainsi plus significative lorsque la perception du climat de classe est considérée.

Pour la composante qualitative, l’analyse du discours des élèves s’étant adaptés positivement au cours de la dernière année a permis l’émergence de processus interactionnels se regroupant autour de six thématiques. Des élèves soulignent l’apport d’un discours intégré issu du milieu familial. D’autres décrivent plutôt certains indicateurs du climat de classe pour expliquer leur adaptation positive: le soutien d’un enseignant, une passion alimentée par le contenu d’un cours ou l’appartenance à un groupeprogramme. Quelques élèves rapportent l’encadrement de leur environnement, impliquant à la fois le milieu familial et la classe. Enfin, il semble que l’adaptation de certains élèves soit due à leur vision de l’avenir, soit le but d’atteindre un objectif qu’ils ont euxmêmes établi. Pour ceuxci, aucun processus interactionnel du milieu familial ou de la classe n’émerge de manière significative dans leur discours.

Cette thèse implique des retombées sur le plan scientifique ainsi que sur le plan social. En ce qui concerne les retombées scientifiques, d’une part, cette recherche doctorale permet d’identifier les facteurs rencontrés par les élèves montrant une adaptation positive face au risque de décrochage scolaire. Cette thèse contribue à l’avancement des connaissances quant aux facteurs favorisant l’adaptation positive d’élèves à risque de décrochage scolaire issus de quartiers socioéconomiques défavorisés. De plus, elle permet d’approfondir la compréhension des processus transactionnels entre le contexte environnemental et l’élève à risque de décrochage scolaire vivant une adaptation positive. Les résultats obtenus permettent de cibler des pistes de prévention et d’intervention pour les élèves à risque de décrochage scolaire. Quant à la pertinence sociale de notre étude, elle se présente également en deux points. D’une part, elle permet de conscientiser les enseignants et les parents quant à leur influence sur le parcours scolaire de l’élève. L’identification de l’apport de l’école et de la famille au regard de l’adaptation de l’élève à risque de décrocher permet de favoriser une mobilisation concertée de ces acteurs. D’autre part, par la diffusion des résultats obtenus, elle permet de sensibiliser les enseignants quant au rôle qu’ils peuvent jouer dans le soutien à la persévérance scolaire, particulièrement auprès des élèves à risque de décrochage scolaire.

Cette étude comporte cependant certaines limites. Premièrement, les caractéristiques personnelles de l’élève n’ont pas été considérées. Ce choix a été fait puisque cette étude se penche sur l’influence du contexte environnemental. Deuxièmement, lorsque le construit de résilience scolaire est abordé, le contexte d’adversité ainsi que l’adaptation peuvent grandement varier d’une étude à l’autre. Il est donc nécessaire de préciser que le contexte d’adversité dans lequel s’inscrivent les participations de cette étude est lié à leur indice de défavorisation associé à leur zone topographique ainsi qu’à un risque de décrochage scolaire estimé par l’enseignant de l’élève lors de la sixième année du primaire. Quant à l’adaptation de l’élève, elle se limite, pour cette étude, au risque de décrochage scolaire évalué au moment de la 7collecte de données et à l’estimation faite par un acteur intervenant auprès de lui. D’autres indicateurs pourraient offrir un nouveau regard. D’autres limites renvoient à la portion méthodologique de l’étude. Cellesci sont approfondies dans la conclusion de l’étude.

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Membres du CÉRTA impliqués

Sandy Nadeau

Centre d’études et de recherches sur
les transitions et l’apprentissage
Université de Sherbrooke
Faculté d’éducation
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