La bifurcation biographique au cœur de la dynamique des parcours d’entrée dans la vie professionnelle : une approche qualitative et quantitative dans trois contextes sociétaux, France, Québec et Argentine

Responsable du projet : Claire Bidart 
Cochercheur et cochercheuse : Sylvain Bourdon et Johanne Charbonneau  
Date du début de la recherche : octobre 2008
Date de fin de la recherche : mars 2013
Personnel de recherche : Eddy Supeno

Ce projet vise à renouveler l’approche des parcours d’entrée dans la vie professionnelle en les considérant sous l’angle des bifurcations plutôt que sous celui des continuités. Les sciences sociales travaillent depuis longtemps l’articulation entre continuité et changement, mais recherchent plutôt les antériorités et les linéarités qui permettent de retracer les mécanismes de causalité. Ce faisant, elles favorisent les logiques de continuité en sous-estimant la part de l’imprévisible, de la contingence et de la bifurcation dans les parcours. Nous voudrions ici privilégier le point de vue du changement sur celui de la continuité, insister sur les parcours sinueux plutôt que rectilignes, et enfin examiner de plus près les événements et les situations qui laissent une grande place aux contingences (Grossetti 2004). Ce « détour » peut nous amener à considérer autrement, ensuite, les logiques de continuité.

Dans cette perspective générale, nous proposons d’étudier les parcours d’entrée dans la vie adulte en privilégiant d’emblée l’analyse et la mesure des bifurcations, à partir d’enquêtes qualitatives et quantitatives qui seront mobilisées et travaillées conjointement. La comparaison de la France avec le Québec et l’Argentine, dans lesquels les mouvements dialectiques entre régulation, formalisation et informalisation se présentent différemment, peut donc contribuer à identifier les rapports entre stabilité, précarité et mobilité, mais aussi à évaluer les « coûts » des bifurcations professionnelles dans des contextes sociétaux différents. Au sein des trois sociétés analysées dans ce projet, les changements en cours révélés par les bifurcations, en particulier les formes de mobilité, de flexibilité et d’infléchissement des parcours, sont peut-être de nature à laisser présager l’émergence en France d’un nouveau modèle normatif, dont on peut justement repérer dans les deux autres contextes des formes plus abouties.

L’originalité de cette approche repose donc sur un triple registre d’analyse : l’utilisation d’enquêtes longitudinales par panels ; la combinaison de données qualitatives et quantitatives ; enfin, la comparaison internationale entre la France, le Québec et l’Argentine. La mise en oeuvre de ces dimensions rendra possible l’identification des facteurs pertinents et de leur combinatoire, permettra de les tester à grande échelle pour en dégager les régularités et de les confronter aux particularités sociétales et institutionnelles des sociétés comparées. Notre démarche devrait enfin permettre de proposer de nouveaux outils méthodologiques et conceptuels pour interroger des changements dont la nature reste trop souvent méconnue.

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